Voici quelques jours s’est ouvert en Turquie, le procès du réseau « Ergenekon ». Officiellement, ce réseau serait un rassemblement de quelques ultra-nationalistes et laïcs extrémistes. Politiciens, mafieux, journalistes et officiers à la retraite auraient complotés contre le gouvernement du parti islamique au pouvoir : l’AKP. Somme toute, une clique de comploteurs classiques dans un pays qui a connu 4 coups d’état militaires en 40 ans.
Mais ces comploteurs sont-ils si classiques et surtout sont-ils simplement quelques illuminés ou participaient-ils à un complot bien plus large et plus international que ce dont on veut bien nous parler ? Quelques éléments.
Il semble en effet que le réseau « Ergenekon » avait des contacts réguliers avec les milieux néo-conservateurs américains et ceci au plus haut niveau…
Ainsi, trois des plus proches conseillers du vice président US Dick Cheney auraient rencontré à Washington, le représentant du quotidien turc ultra nationaliste Cumhuriyet dont l’éditeur a été inculpé dans l’affaire Ergenekon. Le quotidien appartient d’ailleurs à la fondation du même nom dont l’un des administrateurs, le général en retraite Sener Eruygur a, lui, été écroué pour cette affaire. Cette réunion aurait eu lieu en février 2008.
De plus, le dossier turc est suivi, officiellement comme officieusement, à Washington par des néo-conservateurs proches du même Cheney : Frank Gaffnez, Michel Rubin, Meyrav Wurmser et l’incontournable Richard Perle.
Perle est un grand connaisseur de la question puisqu’il est un des créateurs de la société International Advisors Inc. qui lui a rapporté des centaines de milliers de dollars d’honoraires pour des actions de lobbyng concernant la Turquie. Il est toujours d’ailleurs toujours aussi concerné puisqu’il fait encore actuellement, des affaires avec la société turque « AK Group International », dirigée par Aydan Kodaloglu. Kodaloglu est l’ancienne responsable de l’association de lobby Turkish American Council fondée avec l’aide de Richard Perle.
Mais quel serait donc l’intérêt des USA à déstabiliser l’état turc ?
En Mars, Cheney s’est rendu en Turquie où il recevra deux fins de non recevoir. L’une sur l’augmentation du contingent turc en Afghanistan et l’autre sur le soutien turc à une attaque contre l’Iran. Quelques mois plus tard, le procureur turc lancera une tentative ratée de dissolution du parti au pouvoir par la cour constitutionnelle. Hasard ?
De plus, le gouvernement turc prend depuis quelques mois d’importantes initiatives diplomatiques : médiation entre la Syrie et Israël, entre l’Iran et les pays occidentaux, et même dans le Caucase. Sans parler des initiatives militaires turques contre le PKK en territoire irakien. Toute une série de choses qui vont contre les visions stratégiques des néo-conservateurs qui estiment, de plus, qu’il serait plus sûr de traiter avec les militaires dont beaucoup d’officiers ont été formés aux USA.
Notons enfin que l’organisation et la mission d’Ergenekon fait furieusement penser au réseau Gladio, qui avait été crée à la fin de la guerre froide. Gladio, chargé à l’origine de préparer une résistance après une éventuelle invasion soviétique, deviendra vite l’exécuteur des basses œuvres de la CIA en Europe (stratégie de la tension, etc …)